Attentat de Nice : 20 ans de réclusion réclamés contre les deux accusés


Les deux hommes avaient été finalement condamnés à 18 ans de réclusion criminelle avant de faire appel. Sans laisser percer l’ombre d’un doute dans ses réquisitions, Naïma Rudloff a dénoncé « le sens moral défaillant », « la duplicité » et le « manque de collaboration avec la justice » des deux hommes. Au cours de l’audience, a-t-elle pointé, les deux hommes « n’ont manifesté aucune empathie pour les victimes ». La peine réclamée, a précisé la magistrate, devra être assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Elle a également demandé une interdiction définitive du territoire pour Chokri Chafroud, de nationalité tunisienne.

Elle a de la même façon mis en garde Mohamed Ghraieb, un Tunisien naturalisé français. « La France donne la nationalité française, elle sait aussi la reprendre », a-t-elle fait valoir. Mohamed Ghraieb, 48 ans, et Chokri Chafroud, 44 ans, étaient des proches de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le chauffeur livreur tunisien de 31 ans au caractère instable, qui a délibérément foncé sur la foule, rassemblée sur la promenade des Anglais pour assister au feu d’artifice du 14 juillet, au volant d’un camion de 19 tonnes.

Quelques jours avant le massacre, les deux hommes avaient été invités, à tour de rôle, par Lahouaiej-Bouhlel à monter dans ce camion. Grand absent du procès, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a été neutralisé par la police après avoir causé la mort de 86 personnes dont une quinzaine d’enfants et fait plus de 450 blessés. « Combien de sang, combien de familles décimées, combien de vies fauchées avant que tout cela ne s’arrête ? », s’est interrogée l’avocate générale. Énumérant les attentats survenus en France depuis janvier 2015, elle a estimé que l’attentat de Nice constituait « un seuil supplémentaire dans l’horreur ».

« Pas un serial killer »

« Mohamed Lahouaiej-Bouhlel voulait anéantir et il y a pris du plaisir », a-t-elle affirmé. « Mohamed Lahouaiej-Bouhlel n’est pas un serial killer, c’est un soldat dans le chemin d’Allah », a insisté la magistrate. Pour l’avocate générale, il n’y a aucun doute que « l’entourage » du tueur, soit les deux hommes dans le box, « ont apporté un soutien logistique et idéologique » pour conforter son projet criminel.

Les deux accusés ont toujours souligné qu’ils ne connaissaient pas les intentions meurtrières de leur compatriote. La magistrate a admis que les deux hommes n’étaient pas poursuivis pour complicité ou coaction mais, a-t-elle insisté ils « savaient la radicalisation » de leur ami, amateur de « la propagande » de l’organisation État islamique. Elle a notamment mis en avant « la proximité » et les nombreux échanges de messages entre les trois amis. Il y avait « des points communs » entre eux, a-t-elle dit.

Les messages de Chokri Chafroud étaient « toujours dans le registre de la violence, du meurtre », a-t-elle dit. Quant à Mohamed Ghraieb, elle a dénoncé les « variations » et les « mensonges » dans « ses histoires ». À l’audience, Mohamed Ghraieb a reconnu être l’auteur de messages approuvant l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, ce qu’il avait nié en première instance. « M. Ghraieb a légitimé le recours au meurtre contre les infidèles », a-t-elle déploré.



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