Le nombre de signalements reçus à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) pour un motif d’exposition à la violence conjugale a plus que doublé en 10 ans, passant d’environ 8000 en 2014 à un peu plus de 17 000 en 2023.
Cela représente une hausse de 14,7 % des signalements liés à l’exposition à la violence conjugale comparativement à 2022, montre le bilan annuel des directrices et des directeurs de la protection de la jeunesse/directeurs provinciaux du Québec.
En 2023, les signalements d’exposition à la violence conjugale comptaient pour 12,5 % de tous les signalements reçus, ce qui représente un signalement sur huit ou 47 signalements par jour.
De manière globale, on observe une légère baisse (-0,8 %) de tous les signalements en 2023. Les services de protection ont retenu 47 % des signalements liés à une exposition à la violence conjugale pour une évaluation approfondie, comparativement à 31 % pour l’ensemble des signalements.
Dans le rapport, on explique que « ces hausses peuvent refléter une attention accrue, une plus grande compréhension du phénomène et un meilleur repérage de la part de tous les acteurs concernés par les violences faites aux femmes et aux enfants ». On nuance toutefois que le problème de violence conjugale est « bien réel dans notre société », soulignant qu’il y a eu une augmentation du nombre de féminicides au cours des dernières années.
Le bilan indique que les enfants qui sont exposés à de la violence conjugale sont susceptibles d’être confrontés à des troubles psychologiques, notamment des pensées et des peurs envahissantes, de la dépression, de l’anxiété, un syndrome de stress post-traumatique, des difficultés à établir des relations significatives, des comportements agressifs ou des problèmes scolaires.
On explique également qu’un enfant qui évolue dans un climat de violence conjugale a plus de risque d’être « victime d’abus physique et d’être soumis à des pratiques éducatives déraisonnables ».
« Pour nous, DPJ, l’exposition des enfants à la violence conjugale est un enjeu très sérieux. À l’échelle mondiale, la violence conjugale s’exerce dans tous les groupes socioéconomiques, religieux et culturels, et nécessite un travail concerté et une vigilance constante. Pour y arriver, nous avons besoin de l’ensemble de la population. En tant qu’adultes significatifs pour ces enfants et leurs parents et en tant que témoins, vous faites aussi partie de la solution. On dit qu’il faut un village pour élever un enfant, mais il faut toute une société pour le protéger », peut-on lire dans le rapport.
En 2023-2024, 100 258 enfants ont fait l’objet d’au moins un signalement, soit 6,13 % des jeunes âgés de 0 à 17 ans. De ce nombre, 35 791 enfants (2,19 %) ont fait l’objet d’au moins un signalement retenu pour évaluation.
Lorsque la situation d’un enfant est signalée à la DPJ, les intervenants sont tenus d’évaluer cette situation en utilisant une grille d’analyse prédéfinie par la loi. Pour un motif de compromission d’exposition à la violence conjugale, une grille d’analyse spécifique tient compte des particularités de ces situations et impose un changement de pratiques, indique le rapport.
Les motifs qui justifient le plus souvent une prise en charge sont les mêmes que pour les années précédentes. Au total, 20 % des enfants ont été pris en charge en raison de mauvais traitements psychologiques et 12 % parce qu’ils étaient victimes d’abus physique ou sérieusement à risque de l’être.
Il est à noter que l’exposition à la violence conjugale est un motif distinct des mauvais traitements psychologiques depuis le 26 avril 2023. Les prises en charge pour mauvais traitements psychologiques pour 2023-2024 comprennent les situations d’exposition à la violence conjugale qui ont été signalées avant cette date.
« Je considère que nous travaillons très fort pour améliorer nos pratiques et permettre un meilleur repérage des comportements de contrôle et de domination des parents violents, et ce, à toutes les étapes de l’intervention de la DPJ, afin de placer l’intérêt de l’enfant au cœur de nos actions. De même, nous savons qu’en pareilles circonstances, l’intérêt primordial de l’enfant doit avoir préséance sur les droits des parents », a déclaré dans le bilan Catherine Lemay, directrice nationale de la protection de la jeunesse.
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